Présentation du logiciel libre pour les professionnels de santé.
Je reprends ici une FAQ que j’ai rédigé pour la communauté LibreHealthcare1 puis pour mon projet Déontobox2.
La communauté Déontobox s’est constituée pour diffuser ce message :
puisque les ordinateurs sont désormais indispensables à l’exercice d’une profession de santé, l’utilisation exclusive des logiciels libres est nécessaire pour préserver la déontologie médicale.
Comme actuellement, aucun professionnel de santé n’utilise exclusivement les logiciels libres dans sa pratique — alors qu’il est déjà possible de les utiliser très majoritairement — on peut dire que la déontologie est ignorée.
Quelle partie de la déontologie est menacée par les logiciels non-libres ?
Les principes de probation des traitements, du secret professionnel médical, de l’indépendance professionnelle sont menacés par les logiciels privateurs.
En quoi le principe de probation des traitements est-il menacé par les logiciels non-libres ?
La conception et le déploiement des logiciels privateurs ne sont pas assez transparents pour que ces logiciels soient éprouvés, c’est-à-dire validés par l’expérience et par la Science.
Les ordinateurs sont désormais utilisés à tous les niveaux de soin, de l’enregistrement d’une donnée personnelle médicale jusqu’à l’implantation dans le corps humain en passant par la Recherche.
Ainsi, les logiciels peuvent constituer tout ou partie des traitements de santé, ils méritent donc d’être éprouvés avant d’être administrés. Or, cela est impossible dans le cas d’un logiciel privateur.
En quoi le secret professionnel médical est-il menacé par les logiciels non-libres ?
Aucun logiciel ne peut garantir l’absence de failles ou de portes-dérobées en son sein qui pourraient être exploitées pour découvrir les données personnelles médicales des patients.
Seuls les logiciels libres satisfont une certaine obligation de moyens.
En quoi l’indépendance professionnelle est-elle menacée par les logiciels non-libres ?
Les professionnels de santé ne disposent que de droits limités concernant l’utilisation des exemplaires installés sur leurs ordinateurs des logiciels dont leur pratique dépend pourtant.
Ainsi, les professionnels de santé, même collectivement, ne disposent pas de levier pour faire respecter leurs choix professionnels par les logiciels. Or, que ce soit par malveillance mais surtout par inconscience, ces choix sont déjà bafoués, ne serait-ce que par le défaut d’application de la déontologie. Et ce n’est que le début.
Pourquoi les logiciels non-libres ne sont pas dignes de foi ?
La conception et le déploiement des logiciels privateurs n’accordent pas de place à la transparence. Or cette transparence est nécessaire au contrôle collectif des professionnels de santé et des patients.
Si jamais un logiciel privateur devenait suffisamment transparent pour qu’un contre-pouvoir puisse s’exercer sur lui, c’est qu’il est devenu libre.
Les logiciels utilisés par les professionnels de santé ne sont-ils pas contrôlés et certifiés ?
Non. La très grande majorité des logiciels utilisés par les professionnels de santé ne sont pas contrôlés ; et les certifications existantes et futures ne seront jamais suffisantes.
Pourquoi les contrôles sur les logiciels non-libres sont-ils insuffisants ?
Les contrôles sur les logiciels privateurs ne peuvent se concentrer :
- que sur une forte minorité des logiciels installés sur les ordinateurs des professionnels de santé. Or même le logiciel qui semble le plus insignifiant est susceptible d’abriter un bug, une faille ou une porte-dérobée contournant les logiciels contrôlés.
- que sur la surface des logiciels, c’est-à-dire ce que le développeur et l’ayant-droit des logiciels veut bien montrer d’eux.
Comment se fait-il que les contrôles soient insuffisants ?
Il n’est techniquement pas possible de faire plus. Il faudrait que le contrôle s’applique sur les codes sources de tous les programmes installés sur tous les ordinateurs ayant un lien avec la santé.
- D’une part, les codes sources des logiciels sont généralement cachés (ce qui n’est jamais le cas pour un logiciel libre), or sans un audit du code source, autant ne rien certifier.
- D’autre part, contrôler tous les programmes utilisés de près ou de loin dans un cadre de santé, représente une quantité de travail impossible à combler par un quelconque organisme.
Enfin, même si un contrôle exhaustif était réalisable, il faudrait ensuite résoudre la question du qui contrôle le contrôleur ?
En fait, rien ne peut garantir l’absence de bugs, failles ou portes-dérobées dans les logiciels installés sur les ordinateurs en santé. Seule la transparence qui prévaut dans la conception et le déploiement des logiciels libres est en mesure de réduire ce risque autant que possible.
Ne peut-on pas tout simplement refuser les ordinateurs dans la pratique des professionnels de santé ?
Pour éliminer les risque portés par les logiciels privateurs, il s’agit effectivement d’une possibilité, mais nous ne pensons pas que ce soit la meilleure pour deux raisons :
- Les ordinateurs sont tellement porteurs d’opportunités dans tous les domaines médicaux que le refus de leur utilisation s’apparente à de l’obscurantisme.
- Refuser les ordinateurs isolerait le secteur de la santé du reste de la société qui aura toujours autant besoin des ordinateurs pour évoluer.
Oui, les ordinateurs exposent le secteur de santé à de graves dangers. Mais l’utilisation exclusive des logiciels libres permet la réduction de ces risques autant possible, ce qui permettra au secteur de la santé d’en exploiter toutes les opportunités.
Du coup, qu’est-ce que vous appelez logiciels libres ?
Une définition simple d’un logiciel libre est proposée par la Free Software foundation (FSF), dont le nom est traduisible en Fondation du Logiciel Libre. Elle est lisible sur cette page.
Comment les logiciels libres permettent le respect de la déontologie ?
Les principes définis par la FSF permettent le respect de la déontologie des professionnels de santé car ils garantissent :
- la possibilité de valider scientifiquement un logiciel susceptible de constituer tout ou partie d’un traitement ;
- la possibilité pour l’ensemble de la société civile de vérifier l’absence de bug, failles ou porte-dérobée sur un logiciel ;
- la possibilité pour les professionnels de santé de maîtriser, individuellement et collectivement, leurs outils de travail numériques.
Comment un professionnel de santé peut-il utiliser un maximum de logiciels libres dans sa pratique ?
C’est une vaste question, il y a une infinité de réponse.
Une parmi d’autre serait de développer un nano-ordinateur embarquant une suite d’outils numériques — tous libres — facilitant la gestion d’un établissement de santé, en particulier ceux de petite taille. C’est la déontobox proprement dite.
Que manque-t-il pour qu’un professionnel de santé puisse utiliser les logiciels libres exclusivement ?
Quelques logiciels libres manquent encore. Il peut s’agir :
- de progiciels. Par exemple, il n’existe pas encore de logiciel libre de gestion d’officine de pharmacie.
- des pilotes. C’est-à-dire des logiciels permettant l’usage d’un périphérique de santé (sondes, implants…) ;
- de logiciels institutionnels. Par exemple, la carte vitale ne respecte pas tous les critères qui rendent libre un logiciel.
Mais surtout, il manque des gens ! En effet, la conception et le déploiement des logiciels libres sera d’autant plus large et rapide qu’il sera soutenu par les individus, quelque soit leurs compétences informatiques.
Peut-on aider le Logiciel Libre au niveau institutionnel ?
Oui. Il faudrait rendre obligatoire les logiciels libres pour le secteur de la santé. Que cette obligation s’inscrive au niveau légal, réglementaire ou encore disciplinaire n’importe pas.
Peut-on contribuer au développement et au déploiement des logiciels libres pour la santé ?
Oui. Il y a de nombreuses manières de contribuer : en parler… financer… travailler avec les prestataires informatiques qui proposent des services basés sur les logiciels libres…
Une page de ce site sera bientôt dédiée à la liste des différents moyens de participer.
Peut-on contribuer au développement et au déploiement de la Déontobox ?
De même, cela est possible. Pour l’instant, vous pouvez déjà nous transmettre vos propositions par email à contact {arobase} deontobox [point] org.